Ce lundi 7 avril, la coalition AFC-M23 a procédé à la relance des activités bancaires dans les zones sous son contrôle, en particulier à Goma, capitale du Nord-Kivu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Cette réouverture marque une étape importante après plusieurs jours d’interruption en raison de la situation sécuritaire qui a affecté la région.

L’événement a été symboliquement marqué par une cérémonie à la Caisse générale d’épargne du Congo (CADECO), l’une des principales institutions bancaires locales. La réouverture de cette banque, après une longue période de fermeture, vise à redonner aux habitants l’accès à leurs épargnes et à relancer l’économie de la région.

Lors de l’inauguration, Jovane Dusabe, le nouveau directeur général nommé par les autorités de l’AFC-M23, s’est réjoui de cette réouverture, soulignant l’importance de cette démarche pour les habitants de Goma et des environs. « Aujourd’hui, c’est un jour mémorable pour notre clientèle. Les habitants de Goma et des environs qui se sont vus dénier leur droit légitime d’accéder à leur épargne vont enfin pouvoir recouvrer cet accès », a-t-il déclaré, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle dynamique.

Une réouverture avec des défis…

Selon un membre du conseil d’administration de la CADECO, près de 99 % des fonds de la banque sont actuellement bloqués dans des institutions bancaires commerciales, dont l’accès est entravé par le régime de Kinshasa. Cela complique considérablement la situation pour les clients de la CADECO, qui peinent à accéder à leurs avoirs, freinant ainsi les ambitions du M23-AFC de transformer cette caisse en une véritable banque populaire, orientée vers le financement des projets de développement à travers la RDC.

Corneille Nangaa, coordonnateur de la coalition AFC-M23, n’a pas manqué de lancer un avertissement aux banquiers qui continueraient à maintenir leurs guichets fermés. Il les a accusés de complicité avec le gouvernement congolais et a insisté sur les conséquences de telles actions. « Ne pas ouvrir les guichets de vos banques, c’est exécuter manifestement un ordre illégal et anticonstitutionnel, mais surtout criminel. Vous répondrez malheureusement de cette complicité », a-t-il mis en garde.

Pour renforcer le contrôle économique dans les zones sous son autorité, le M23 prévoit la création d’une nouvelle entité régulatrice qui prendra en charge les fonctions normalement assurées par la Banque centrale. Cette autorité sera chargée de réguler le secteur économique, financier et des assurances dans les territoires sous contrôle de la coalition, marquant un tournant dans la gestion des affaires économiques dans cette région en proie à l’instabilité.

La position de la CADECO Kinshasa…

Pour rappel, la Caisse Générale d’Épargne du Congo (CADECO) exprime son profond mécontentement suite à un communiqué récemment diffusé par les autorités du M23/AFC prétendant reprendre les activités bancaires à Goma. Selon la direction de cette institution financière, ce message non seulement va à l’encontre de la légalité, mais constitue également un danger direct pour la stabilité financière de ses clients et pour l’intégrité de la banque elle-même.

Dans cette même déclaration, tirée du communiqué signé le 05 avril dernier, la CADECO a réitéré son engagement envers la protection des intérêts de ses clients. L’institution rappelle que sa priorité reste de maintenir la confiance dans le système bancaire national et met en garde contre toute tentative de malversation financière de la part de ses agents ou partenaires.

Il convient de rappeler que les banques de la ville de Goma sont restées fermées depuis la fin du mois de janvier en raison de l’escalade des tensions sécuritaires et de l’expansion des zones contrôlées par l’AFC-M23. Cette situation a laissé des milliers de clients sans accès à leurs comptes bancaires pendant plusieurs mois, exacerbant les difficultés économiques dans la région.

En attendant l’évolution de la situation, la relance de la CADECO représente un pas important pour les habitants de Goma, bien que de nombreux obstacles demeurent pour rétablir complètement la stabilité économique et sécuritaire dans cette partie du pays.

La Rédaction