La Mairie de Paris a officiellement demandé au Préfet de police d’interdire le concert « Solidarité Congo » prévu le 7 avril 2025 à l’Accor Arena, invoquant des risques de troubles à l’ordre public. Ce concert, organisé dans le cadre d’une initiative caritative visant à venir en aide aux enfants victimes de la guerre du M23-AFC soutenue par l’armée rwandaise a suscité une polémique notamment en raison de la date choisie pour l’événement.

Annoncé il y a plusieurs semaines, le concert « Solidarité Congo » devait réunir des artistes comme Gims et Youssoupha et récolter des fonds pour soutenir les enfants affectés par les violences dans l’Est du Congo. Cependant, la programmation de cet événement le 7 avril a immédiatement soulevé des inquiétudes. Cette date correspond en effet au début des commémorations du génocide des Tutsis, un événement tragique qui a marqué profondément la communauté rwandaise, en particulier en France.

Les autorités rwandaises se sont rapidement opposées à ce concert, soulignant les risques de tensions communautaires.

L’ambassadeur du Rwanda en France, François Nkulikiymfura, ainsi que plusieurs associations rwandaises, ont exprimé leur désapprobation en alertant la municipalité parisienne sur le caractère inapproprié de cette date, tant sur le plan symbolique que diplomatique.

Une prise de position officielle…

Malgré les protestations, les organisateurs du concert ont confirmé leur intention de maintenir l’événement, assurant que la date choisie n’avait aucune connotation politique. Toutefois, la municipalité de Paris a pris position. Dans un communiqué publié le mardi 25 mars, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé avoir saisi officiellement le Préfet de Police le 10 mars afin de demander l’interdiction de l’événement.

La Ville a justifié sa demande en évoquant les risques de troubles à l’ordre public, soulignant que, bien que l’objectif caritatif du concert soit louable, la date du 7 avril, jour de commémoration du génocide des Tutsis, est « particulièrement mal choisie ». Elle a également mis en avant les tensions existantes entre les communautés rwandaise et congolaise à Paris, exacerbées par la situation géopolitique complexe de la région des Grands Lacs.

Les réseaux sociaux ont irrité la tension…

La polémique autour du concert ne se limite pas à une simple question de calendrier. Depuis l’annonce de l’événement, des échanges enflammés et des propos haineux se sont multipliés sur les réseaux sociaux, alimentant des tensions déjà vives entre les communautés rwandaise et congolaise. Certains artistes programmés pour le concert, dont Gims, sont également accusés de tenir des propos considérés comme négationnistes et incitant à la haine, ce qui a aggravé la situation.

L’Unicef, l’agence des Nations Unies pour la protection de l’enfance, a annoncé qu’elle refusait d’être associée à cet événement, soulignant que la situation conflictuelle entourant le concert risquait de nuire à l’image de la cause qu’il entendait soutenir.

Une manifestation en perspective…

L’association des Rwandais de France a quant à elle dénoncé la présence de Gims, qu’elle qualifie de « connue pour des propos qui appellent à la haine », et a annoncé organiser une manifestation devant l’Accor Arena le jour du concert si celui-ci venait à être maintenu. Qualifiant l’événement de « concert de la honte », cette association a mis en garde contre les conséquences potentielles de la tenue du concert à une date aussi sensible.

Le Préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, devra désormais trancher sur cette question complexe, à la fois politique, symbolique et sociale. Dans ce contexte de tensions internationales et communautaires, l’issue de cette affaire pourrait avoir des répercussions au-delà du simple cadre de l’événement prévu le 7 avril prochain.

La rédaction