La question de la prorogation de l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri s’invite à nouveau sur le devant de la scène politique. Lors de la plénière de ce mercredi, le député national Mumbere Bwanapuwa, élu de Goma, a exprimé son profond mécontentement face à cette 83ème prorogation, suscitant un débat animé au sein de l’Assemblée nationale et de la communauté.

L’honorable Mumbere Bwanapuwa n’a pas mâché ses mots. « Ça fait 15 jours que les membres du gouvernement sont venus demander la prorogation de l’état de siège. Et aujourd’hui, on nous demande de donner 15 autres jours sans nous donner le résultat de 15 jours passés », s’est-il exclamé, soulignant l’absence de résultats tangibles depuis le début de cette mesure exceptionnelle.

La situation à Goma, selon le député, est alarmante. « En ville de Goma, il y a plus de 10 généraux, mais depuis août, nous enregistrons une quarantaine de morts par assassinat, 67 cas de cambriolages et 21 cas de braquage. Fort malheureusement, parmi ceux qui commettent ces actes, il y a aussi des agents de sécurité », a-t-il dénoncé, faisant écho à la colère d’une population de plus en plus désabusée.

Mumbere Bwanapuwa Éric a également critiqué l’attitude du gouverneur militaire. « Le gouverneur est plus intéressé par la construction des routes que par la sécurité. Il s’est déjà ravi lui-même le pouvoir qui lui a été confié », a-t-il affirmé, plaidant pour une réévaluation des mesures de sécurité.

Loin d’être isolé, Mumbere Bwanapuwa a trouvé un écho dans les paroles du président de l’Assemblée nationale, l’honorable Vital Kamerhe. Lors de cette même séance, il a fait part de son ras-le-bol face à cette spirale de prorogations : « Nous en avons marre ici, à l’Assemblée nationale, d’aller de prorogation en prorogations. Les gens sont fatigués de continuer à proroger sans évaluation ».

Criez mais proposez aussi des pistes de solution en faveur du peuple…

Cette intervention a mis en lumière une crise de confiance qui s’est installée entre les autorités et les citoyens. La prolongation de l’état de siège, qui devait initialement garantir la sécurité, semble désormais devenir une fin en soi, sans résultats probants à l’horizon.

Les critiques de Mumbere Bwanapuwa soulèvent des questions essentielles. « Que reste-t-il de l’état de siège si la sécurité des populations n’est pas assurée ? », se demandent des citoyens dans les rues de la ville touristique. Les citoyens, eux, continuent de vivre dans la peur, alors que les institutions peinent à rétablir un climat de paix.

« Dans ce contexte de tension, il est impératif que le gouvernement reconsidère sa stratégie. La sécurité ne peut être synonyme de mesures d’exceptions permanentes, mais doit s’accompagner d’actions concrètes et efficaces sur le terrain », dit ce juriste averti.

Alors que la plénière se terminait, l’assemblée était parcourue d’un sentiment partagé d’inquiétude et d’espoir. La voix de Mumbere Bwanapuwa résonne comme un appel à l’éveil d’une conscience collective.

« Les Congolais méritent des solutions durables, et non de simples prolongations de l’état de siège sans des actions concrètes pour ramener la paix et la sécurité dans les provinces qui sont sous cette mesure », indique un communicologue.

La balle est désormais dans le camp des décideurs. « Sauront-ils répondre aux attentes d’une population fatiguée et meurtrie ? »

La rédaction