Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a organisé une session d’échanges avec des journalistes issus de divers médias en ligne ce jeudi 29 août 2024 à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Une initiative qui vise à établir des contacts plus étroits avec ces acteurs du paysage médiatique tout en harmonisant les choix rédactionnels autour des principes humanitaires fondamentaux.

Cette rencontre a permis d’aborder les enjeux cruciaux liés à la couverture des questions humanitaires dans le contexte de la guerre d’agression qui sévit dans l’Est de la République démocratique du Congo.

Les discussions ont particulièrement mis en lumière les défis que rencontrent les journalistes, notamment en ce qui concerne le traitement et la diffusion d’informations liées aux crises humanitaires. Au cœur des échanges, la relation entre les professionnels des médias en ligne et le CICR a été évoquée, soulignant la nécessité d’une collaboration constructive pour améliorer la circulation de l’information et la qualité de la couverture médiatique.

Plusieurs journalistes ont exprimé des frustrations quant à ce qu’ils perçoivent comme un manque de communication directe de la part du CICR, pointant du doigt la difficulté d’obtenir des informations précises et actualisées. Ces acteurs humanitaires ont également dénoncé le manque de professionnalisme de certains médias, qui, à leur avis, tendent à véhiculer des informations biaisées, souvent en ne consultant qu’une seule source d’information. 

Ce phénomène engendre des malentendus et des confusions au sein de l’opinion publique, exacerbés par la rapidité de diffusion des informations par le biais des réseaux sociaux surtout.

Un travail lié aux principes…

Au cours de cette activité, le premier intervenant, Kaya Boyongo de l’équipe de communication du CICR, a articulé les principes fondamentaux du CICR : « l’Humanité, l’Impartialité, l’Indépendance et la Neutralité ». Il a insisté sur le fait que ces valeurs doivent non seulement guider les actions de l’organisation, mais également être intégrées par les journalistes dans leur travail. Il a exhorté les participants à rester fidèles à ces principes lors de la couverture d’événements humanitaires, contribuant ainsi à une information plus équilibrée et juste.

De son côté, Riguene Kimbale, responsable de communication du CICR dans le Nord-Kivu, a développé les techniques de rédaction d’un article humanitaire efficace. Sa présentation a offert aux journalistes plusieurs astuces indispensables pour écrire des articles percutants, soulignant l’importance d’une compréhension approfondie du sujet, d’une recherche rigoureuse et de l’identification d’un angle spécifique avant d’entamer la rédaction.

Celui-ci a également mis l’accent sur la nécessité d’humaniser le sujet, en faisant ressortir le vécu des individus touchés par les crises. Il a encouragé les journalistes à collecter des témoignages, à interroger les personnes directement concernées par les situations de crise, tout en veillant à construire des articles avec une structure logique, claire et persuasive.  Ce dernier a exhorté les journalistes à produire une introduction captivante pour le développement de l’article, ainsi qu’une conclusion engageante qui pousse à la réflexion. En insistant sur la clarté et la simplicité du langage. En définitive, il a insisté sur l’importance d’intégrer des éléments visuels tels que des photographies percutantes, des infographies et des cartes pour enrichir les récits et les rendre plus accessibles au grand public.

« Nous avons remarqué qu’il y a un problème en termes de rédaction concernant les articles sur la communication humanitaire. Pour cette séance, nous voulions établir un cadre d’échange avec les journalistes et leur montrer l’impact que leurs articles peuvent avoir sur notre travail humanitaire. Nous avons donc encouragé les journalistes à prendre en compte l’aspect humain et social dans leurs écrits, afin de valoriser le travail humanitaire », a-t-il dit.

Un engagement de deux côtés…

Le CICR et les médias en ligne, ont jeté les bases d’une collaboration renforcée, visant non seulement à améliorer la qualité de l’information humanitaire, mais aussi à promouvoir des valeurs humanistes essentielles dans une société souvent marquée par le scepticisme et la désinformation. 

« Pour proposer des solutions concrètes, nous suggérons la création d’un réseau de communication entre les journalistes et le CICR. Ce réseau dédié, regroupant journalistes, responsables de la communication et professionnels humanitaires, faciliterait un dialogue régulier et le partage d’informations pertinentes et à jour, améliorant ainsi la couverture médiatique », ont indiqué les deux parties.

Par ailleurs, ils ont trouvé qu’il serait bénéfique d’organiser également des ateliers de formation continue pour les journalistes, axés sur les questions humanitaires, les techniques d’interview et d’autres compétences clés car pour eux, cela renforcerait leur capacité à aborder des sujets complexes tout en respectant les principes humanitaires.

Gloire Balolage