Ce jeudi 3 octobre, un tragique incident a frappé le Nord et le Sud-Kivu lorsque le bateau transportant des passagers en provenance de Minova à destination de Goma a chaviré à quelques mètres du port de Kituku, situé dans le quartier de Kyeshero. 

La population de Goma, déjà éprouvée par des années de conflits, plonge dans un deuil collectif alors que des familles entières se retrouvent marquées par la douleur de la perte et l’angoisse des disparitions. Les corps de plusieurs victimes ont été repêchés et sont actuellement conservés dans différentes morgues, tandis que d’autres personnes demeurent introuvables, probablement piégées dans les profondeurs sombres du lac.

Ce drame met en lumière la colère et la frustration des habitants qui regrettent la fermeture de la route reliant Minova à Goma, une décision liée au conflit armé avec le M23 et qui aurait pu éviter une tragédie de cette ampleur.

Le bilan provisoire officiel communiqué par les autorités provinciales du Nord-Kivu fait état de 23 décès, de 58 survivants pris en charge par les structures sanitaires de la ville de Goma, ainsi que de plusieurs marchandises et produits vivriers destinés au commerce en partance pour le marché de Kituku qui ont été coulés. Cependant, les autorités n’ont pas donné l’estimation concernant le nombre de personnes disparues, laissant des nombreuses familles dans l’incertitude et la douleur.

Selon toujours les autorités, les causes de l’accident restent encore à déterminer par une équipe d’enquête afin d’établir les responsabilités des uns et des autres.

Ce bilan humain alarmant, pourrait encore évoluer et les témoignages des survivants font état d’au moins cinq-cents personnes à bord. Parmi les rescapés, certains ayant réussi à s’échapper avant que le navire ne sombre dans les eaux du lac. Les récits de ceux qui ont survécu révèlent des scènes poignantes et d’une émotion palpable en plus d’un sentiment d’incrédulité face à la fatalité qui les a frappés.

« Je voyais le bateau se renverser, et c’est un véritable miracle d’être encore en vie. Beaucoup de femmes, d’enfants et des pères sont restés piégés à l’intérieur et j’ai vu combien de personnes étaient là. Je suis conscient que je fais partie des chanceux ». 

 « Nous voyions déjà Goma au loin et puis, tout à coup, une vague soudaine est survenue. Nous avons commencé à crier, pleurer et chanter. Le bateau a commencé à tanguer et alors qu’il se retournait, j’ai plongé dans l’eau, où j’ai été rapidement secourue par des personnes utilisant des canots rapides qui m’ont emmenée à l’hôpital », a décrit une autre rescapée.

Sur le plan opérationnel, les forces armées de la SAMIDRC, en collaboration avec la Marine de l’Armée de la République Démocratique du Congo, ont été déployées sur le lac pour coordonner les opérations de sauvetage en réponse à cette catastrophe tragique. Grâce à leurs efforts, plusieurs vies ont été préservées, mais les autorités n’ont pas encore fourni de bilan officiel sur les pertes humaines ni d’éclaircissements sur les circonstances entourant cet événement dévastateur.

En attendant, les habitants pleurent leurs proches disparus et font face à l’incertitude de leur situation, unis dans une douleur collective qui les pousse à réclamer justice et des réformes nécessaires afin d’assurer la sécurité de tous sur les eaux du lac Kivu. 

Gloire Balolage