L’Institut Supérieur de Pêche de Goma se pose comme un acteur clé dans la recherche des solutions durables aux problèmes du secteur halieutique. Lors d’un point de presse tenu le lundi 7 octobre à Goma, l’Institut Supérieur de Pêche de Goma (ISPê) a présenté ses perspectives et solutions face aux enjeux du secteur halieutique dans la province du Nord-Kivu. Cette institution publique, dont l’objectif principal est de valoriser la pêche locale et de replacer la question de l’autosuffisance alimentaire au cœur des préoccupations, a souhaité faire connaître au public l’importance de ses activités.

Le Professeur Docteur Ntambwa Mutombo Trésor, directeur général de l’ISPê, a exprimé sa préoccupation face à l’importation massive des poissons en République Démocratique du Congo, un phénomène qu’il a qualifié de paradoxal, eu égard à la richesse halieutique de la région. « Nous avons eu le temps de voir certaines situations dans la société et surtout en province du Nord-Kivu qui nécessitent une solution », a-t-il déclaré, rappelant que malgré la richesse en ressources aquatiques, le pays dépend de l’importation pour sa consommation de poissons. « Tous ces poissons que nous importons coûtent très chers, cela nous a beaucoup interpellés ».

Dans la poursuite de son discours, le Directeur général a souligné que la création de l’ISPê constituait une réponse stratégique à cette problématique. « C’est ainsi que nous avons mis nos idées sur papier et nous avons présenté à l’autorité compétente pour la mise en place d’une institution solution à ce problème », a-t-il ajouté, mettant en avant le processus d’implantation de l’institution. Bien que la matérialisation ait pris racine depuis 2013, l’année à laquelle les cours ont commencé à être donnés, ce n’est qu’en 2018, par un arrêté ministériel, que l’institution a été officiellement reconnue sur le plan juridique.

Il a aussi mentionné que l’argent qui est toujours dépensé vers l’étranger, à travers les importations, pourrait être investi localement, contribuant au développement économique de la région. « L’argent que nous mettons en jeu profite aux étrangers, alors que nous avons des capacités puisque la science est là, » a-t-il déclaré avec une conviction ferme.

Le secrétariat général académique, Docteur Serge Biero Mulemeri, a ensuite présenté les différents domaines d’étude organisés au sein de l’institut. « Nous avons le domaine des sciences agronomiques et environnementales, sciences de l’homme et de la société, sciences de la santé, il y a aussi le domaine des sciences et technologies et dedans, il y a le pétrole », a-t-il expliqué. « Les formations proposées incluent également des spécialités comme la pétrochimie et raffinerie, la santé communautaire, la nutrition diététique, le développement et actions humanitaires, pêche et navigation et bien entendu, la pêche et l’aquaculture, tous ces parcours intégrant le système LMD (Licence-Master-Doctorat) », ajoute-t-il.

Une institution avec beaucoup de pratiques…

La Fédération des Comités des Pêcheurs Individuels au Lac Édouard (FECOPEILE) a également été présente lors de cet événement, représentant les voix des pêcheurs, des femmes et des jeunes actifs dans le secteur. Son coordinateur, Josué Kambasu Mukura, a évoqué les enjeux cruciaux de la gouvernance dans les pêches et le rôle que joue l’ISPê dans ce contexte. «  La FECOPEILE est parmi les solutions », a-t-il déclaré, affirmant que des pratiques de pêche responsable aideraient à améliorer la productivité locale.

Pour lui, l’autonomisation et l’éducation des pêcheurs constitue une stratégie efficace pour anticiper et gérer les enjeux du secteur. « Si nous avons beaucoup de cadres ici, ils vont anticiper plusieurs dangers », a-t-il noté, en insistant sur l’importance de voir la production locale remplacer les importations, ce qui contribuerait significativement à la santé de la population congolaise.

Ainsi, l’Institut Supérieur de Pêche de Goma se pose comme un acteur clé dans la recherche de solutions durables aux problèmes du secteur halieutique, en formant des professionnels capables de revitaliser l’industrie locale de la pêche. L’importance de cette institution, tant sur le plan éducatif qu’économique, ne saurait être sous-estimée dans un contexte où les enjeux de développement durable sont plus que jamais d’actualité.

Les enseignants de cette institution ont également été invités à s’exprimer, chacun à son tour, sur les spécificités de leurs disciplines respectives et sur les avantages qu’elles représentent pour les étudiants et pour la société dans son ensemble. Le partage de connaissances et les diverses formations sont perçus comme des atouts majeurs pour renforcer la capacité locale en matière de gestion des ressources aquatiques surtout.

À travers cette initiative, les responsables de l’ISPê espèrent susciter un véritable engouement au sein de la communauté, afin de transformer la perception du secteur de la pêche et d’autres domaines de la santé et de développement qui l’entourent et de mettre en avant son rôle fondamental dans la lutte contre la pauvreté et la préservation des ressources aquatiques.

L’Institut Supérieur de Pêche collabore avec des institutions et entreprises qui travaillent dans les différents domaines de formation afin de mettre les étudiants face à la pratique.

L’occasion était à l’Institut Supérieur de Pêche de Goma de lancer l’inscription des étudiants pour l’année académique 2024-2025 et d’appeler tout le monde de profiter des enseignements dans cette institution publique qui respecte les instructions en matière des frais académiques qui sont abordables à tous. Convaincus, quelques nouveaux étudiants ont pris leurs inscriptions.

Le chemin vers l’autonomie alimentaire et la durabilité passe inéluctablement par la valorisation des savoirs locaux et l’encouragement à une pêche responsable.

Gloire Balolage