
La spirale de violence continue de frapper les acteurs humanitaires en République Démocratique du Congo. Un employé de Médecins Sans Frontières (MSF) a été tué par balle dans la soirée du 18 avril à son domicile dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu. Il s’agit du troisième membre de l’organisation à perdre la vie dans des conditions similaires depuis le début de l’année dans cette province. L’ONG internationale pour la santé alerte sur la recrudescence des violences contre les humanitaires.
Selon MSF, l’homme, infirmier à l’hôpital général de référence de Masisi, a été abattu par un individu armé en uniforme militaire lors d’une intrusion violente à son domicile. Le meurtrier, accompagné d’un autre homme en uniforme et armé d’un fusil d’assaut, venait de commettre des actes de racket dans la zone avant de s’en prendre au personnel de l’ONG. « La victime a été atteinte de deux balles au thorax », indique l’organisation.
Ce nouvel acte de violence survient dans un climat sécuritaire extrêmement préoccupant pour les civils et les travailleurs humanitaires au Nord-Kivu. « Nous condamnons fermement cet acte terrible qui a coûté la vie à notre collègue », a déclaré Emmanuel Lampaert, représentant de MSF en RDC. « Il reflète la dégradation sécuritaire massive que nous constatons au Nord-Kivu et Sud-Kivu depuis le début de l’année. Cela doit cesser de toute urgence », poursuit-il.
Depuis Janvier 2025, MSF déplore une recrudescence des incidents violents ciblant directement ou indirectement ses équipes, ambulances, bureaux et structures de santé. Le 20 février, un radio-opérateur avait été tué dans les échanges de tirs entre groupes armés à proximité d’une base MSF à Masisi. Quelques jours plus tard, un autre employé a été abattu à son domicile à Goma. D’autres membres du personnel ont également été blessés par balle, dont l’un est encore hospitalisé à Goma.
« Même loin des lignes de front, l’insécurité est omniprésente », a souligné Mathilde Guého, cheffe des programmes MSF au Nord-Kivu. « Outre la violence armée, la criminalité quotidienne, assassinats, violences sexuelles, extorsions, intrusions touche tous les civils », fait-elle savoir.
Face à cette situation alarmante, MSF lance un appel urgent aux autorités congolaises et aux groupes armés. L’ONG demande une meilleure régulation des porteurs d’armes, la protection effective des civils et du personnel humanitaire, et une action ferme contre la criminalité. « À tous M23-AFC, VDP/Wazalendo, FARDC nous rappelons que la protection des civils est une obligation. Toutes les autorités compétentes doivent agir immédiatement », insiste Emmanuel Lampaert.
En RDC, MSF emploie près de 3 000 collaborateurs, congolais et internationaux, œuvrant aux côtés du Ministère de la Santé pour fournir des soins vitaux dans les zones les plus vulnérables. Alors que les violences se multiplient, l’organisation craint pour la continuité de ses opérations et pour la sécurité de ses équipes et des populations qu’elle aide au quotidien.
Gloire Balolage